Le premier ministre israélien, Ehoud Olmert, le ministre de la Défense, Ehoud Barak, et les responsables de l’état-major de l’armée ainsi que des services de renseignements de l’Etat hébreu entameront à partir de dimanche une série de réunions destinées à élaborer la nouvelle stratégie israélienne face au Hamas. La houdna (trêve) étant officiellement enterrée, les responsables israéliens vont, semble-t-il, autoriser une riposte limitée aux tirs de roquettes palestiniennes Qassam.
Opérations « coup de poing »
Selon les chroniqueurs militaires, l’état-major de l’armée israélienne a en tout cas prévenu le gouvernement que la reprise des violences « aura également des conséquences sur la population de la bande de Gaza ». Parce que les points de passage entre ce territoire et l’Etat hébreu seront cette fois définitivement fermés. Y compris aux ONG, aux journalistes étrangers et même aux diplomates. Et parce que l’on s’attend aussi à ce que les unités spéciales israéliennes multiplient les opérations « coup de poing » dans les zones urbaines où sont concentrés les ateliers de fabrication de roquettes.
Déjà privée d’électricité durant seize heures par jour, la population de Gaza risque également de manquer de produits de première nécessité dès le début de la semaine. En effet, faute de pouvoir approvisionner ses entrepôts, l’Unwra (l’agence des Nations unies chargée de fournir une aide matérielle aux réfugiés palestiniens) a annoncé jeudi 18 décembre l’interruption de ses distributions de vivres. Or 750000 Palestiniens (soit la moitié de la population de ce territoire) dépendent de cette aide. Si l’on y ajoute la fréquentation des dispensaires médicaux, les écoles, ainsi que les différents programmes de formations destinés à des catégories ciblées de la société, c’est 85% de la population de Gaza qui dépend de l’Unwra.
En raison de la fin de la trêve, les observateurs s’attendent à une augmentation de la malnutrition assortie d’une dégradation supplémentaire des conditions de vie. Surtout dans les camps de réfugiés où l’eau potable, l’essence, le pétrole et les bonbonnes de gaz domestique font désormais figure de produit de luxe.
« Il y a quelques années, les gens cachaient leur pauvreté par amour-propre mais ce n’est plus le cas », affirme au téléphone le pédiatre palestinien Tawfik Emzari. « De nos jours, il est courant de voir des enfants fouiller les poubelles pour rapporter ce qu’ils peuvent à la maison. Faute de combustible, les gens se chauffent avec de vieux emballages, des bouts de bois trouvé sur les chantiers abandonnés, voire des bouteilles de plastique dont la combustion dégage des fumées toxiques. J’ai même entendu parler de familles mangeant des chats errants ou mâchant des herbes bouillies dans l’eau faute de pouvoir se mettre autre chose sous la dent. L’Unwra est indispensable, poursuit le pédiatre. Si elle ne parvient plus à nourrir ses protégés, leur situation va devenir insupportable. Ces gens-là vont se révolter, car il s’agira pour eux d’une question de vie ou de mort. »
« On s’attend au pire »
Malgré la trêve qui a duré six mois, la plupart des ONG opérant dans la bande de Gaza ont rencontré des difficultés à remplir leur mission sur le terrain. En raison des obstacles dressés par l’armée de l’Etat hébreu. En effet, prétextant d’obscures raisons sécuritaires, les services de Tsahal ont souvent empêché les coopérants étrangers de se rendre à Gaza-City. Certains ont purement et simplement été refoulés au point de passage d’Erez. D’autres ont été contraints d’y attendre de longues heures, voire plusieurs jours. « Maintenant que la trêve est terminée, on s’attend au pire puisque l’on nous interdira de nous rendre à Gaza chaque fois qu’une roquette aura été tirée », fulmine un infirmier français présent dans la région depuis quatre mois.
En attendant, faute de céréales à moudre, les dernières meuneries encore opérationnelles de la bande de Gaza ont fermé leurs portes vendredi matin. Selon leur président Abed An Nasser al-Ajrami, les boulangeries auront donc épuisé leurs stocks de farine d’ici à deux jours.